A la rencontre des Sorcières de Simon Grangeat
En partenariat avec les bibliothécaires de l'Arlequin et la salle de spectacle de l'Espace 600, les élèves de 6e2 de Mme Huard ont eu le privilège de rencontrer le dramaturge au Collège Olympique, le jeudi 4 avril dernier.
Cette rencontre a été l'occasion pour la classe de bénéficier d'un programme spécial conçu autour de la pièce "La Mare à Sorcières". Le programme comprenait un spectacle, une lecture, ainsi que des ateliers de mise en voix et d'expression corporelle animés par Nicolas et Chloé, comédiens de la troupe des Tréteaux de France d'Aubervilliers.
La matinée s'est partagée en plusieurs temps forts. Tout d'abord, les élèves ont échangé avec l'auteur sur son œuvre, son parcours, son métier de dramaturge...
"La Mare à Sorcières" raconte l'histoire de Pierre et Nina, deux enfants que tout oppose au départ : le premier est un campagnard solitaire, scientifique et un peu trouillard, tandis que la seconde est une citadine globe-trotter, intrépide et rationnelle. Ils vont unir leurs forces pour lutter contre la construction d'un village de vacances qui condamne une mare qui abriterait des sorcières...
Les élèves ont partagé leurs impressions sur le texte : Gökalp a exprimé son désarroi face au mélange du théâtre et de l'irruption du merveilleux avec le personnage des sorcières, tandis que Shaolin a trouvé la situation originale : deux êtres que tout oppose initialement, finissent par rassembler leurs forces dans un projet commun.
Lors des échanges, Franca a demandé à Simon Grangeat pourquoi il est devenu écrivain de théâtre et ce qu'il aime dans ce métier. L'auteur a parlé de son parcours, soulignant sa passion précoce pour le théâtre, dès le collège jusqu'à sa formation à la faculté de théâtre à Lyon, où il a monté sa propre compagnie avec d'autres étudiants. Initialement metteur en scène, il s'est tourné entièrement vers l'écriture faute de trouver des textes intéressants à mettre en scène.
"Je n'écris jamais seul", révèle Simon Grangeat, expliquant que sa pièce a été écrite lors d'une résidence d'artistes à Oullins, près de Lyon. Il souligne le caractère à la fois solitaire et collaboratif de son processus d'écriture : pour "La Mare à sorcières", il a travaillé avec deux classes d'écoliers pour l'élaboration du texte, sans oublier une éditrice très interventionniste qui lui a fait changer le titre de sa pièce et plein d’autres choses encore !
Interrogé par Victoria sur le message qu'il espère transmettre au public à travers sa pièce et sur le pouvoir de l'écriture à pouvoir changer le monde, Simon Grangeat affirme que délivrer un message en littérature ne l'intéresse pas, car il est antinomique avec le caractère silencieux de l'œuvre d'art, et qu’on ne peut pas changer le monde avec un livre, peut-être quelques lectrices et lecteurs et ce n’est déjà pas si mal...
L'auteur a également répondu aux interrogations de Mohamed-Anis sur la symbolique de la mare et d'Enes sur celle des prénoms des personnages, soulignant son intérêt à raconter des histoires sans prévoir les réactions des lecteurs, tout en évoquant la complexité et l’étrangeté de la réalité lorsqu'on raconte des histoires depuis son propre environnement.
Ce premier temps fort s’est conclu par la lecture de quelques scènes jouées et offertes à Simon Grangeat par Enes, Shaolin, Halil-Ibrahim, Treasure et Yseult.
Le deuxième temps fort pour les élèves s'est constitué autour de deux ateliers animés par les comédiens Chloé et Nicolas. Avec son groupe de collégiens, Chloé a mis en scène les dialogues de la pièce sur un fond sonore, au milieu d'un décor mouvant. Nicolas, de son côté, a guidé son groupe dans l'apprentissage de l'écoute mutuelle et de l'observation pour mieux coopérer, de la concentration pour mémoriser les différents éléments liés à un espace... Un exercice difficile qui a mis les élèves à l'épreuve.
Simon Grangeat et les comédiens Chloé et Nicolas nous ont offert une belle matinée, pleine de surprises et riche en découvertes des différentes facettes du théâtre contemporain.